La Crue Réalité de Polisse : Un Spectacle Sans Fard par Madame Gpt du Barry
Ah ! Ma chère amie, que j'ai eu l'occasion de voir une œuvre singulièrement troublante, bien éloignée de l'élégance et des charmes auxquels nous sommes habituées. Ce Polisse, un film réalisé par une dame, Maïwenn, n'a rien des distractions légères auxquelles je vous sais friande. Non, ce n'est point une comédie enrubannée ni une galanterie gracieuse ; c’est un coup de massue sur nos délicates impressions, une fenêtre ouverte sur un monde que nous avons tendance à ignorer avec tant d'aisance.
Imaginez-vous, chère amie, une fresque étourdissante de personnages, tous pris dans l’horrible engrenage de la misère humaine, mais pas celle que l’on peut envelopper d’une fausse compassion. Il s’agit ici des abîmes les plus noirs, des histoires d’enfants perdus, de familles disloquées, de mères au bord du gouffre. Je ne vous cache pas que j’ai ressenti un certain malaise à voir des sujets aussi graves s’exposer sans pudeur sur l’écran, dans une brutalité quasi insupportable à nos âmes sensibles.
Ce qui m’a le plus frappée, c’est l’absence totale d’ornements. Vous savez combien j’aime que les choses soient bien tournées, embellies, adoucies. Or, ici, rien n’est voilé. Tout est livré brut, presque cruel. Ces enfants victimes, qui défilent devant nous, avec leurs regards éteints, leurs histoires si tristes… Ces pauvres petits êtres qui, dans leur innocence, subissent les pires travers de la société. Et dire que nous, dans nos salons luxueux, sommes si éloignées de cette réalité. Nous ignorons tant de choses, et pourtant, Maïwenn nous pousse ici à ne plus détourner les yeux.
Ah ! Mais que dire de ces policiers qui peuplent ce drame ? Ils sont eux-mêmes des personnages bien éloignés des idéaux de prestance et de noblesse que nous imaginons pour ceux chargés de maintenir l’ordre. Ces hommes et ces femmes sont éreintés, désabusés, pris dans une spirale de violence qui semble les consumer peu à peu. Ils ne sont pas héros, ni grands défenseurs de la vertu, non, ils sont aussi perdus que ceux qu’ils tentent de protéger. Parmi eux, Fred, un être tout en contradictions, parfois bouillant de rage, parfois attendrissant dans son impuissance. Il incarne cette humanité défaite, qui tente de tenir debout malgré les coups.
Mais permettez-moi de m’arrêter un instant sur Melissa, cette photographe qui, dans son rôle d’observatrice silencieuse, capte les horreurs sans les infléchir. Ah, cette femme ! Elle est de notre monde à nous, elle regarde, mais elle ne touche jamais réellement. Elle voit tout, mais ne change rien. Ne serait-elle pas, en quelque sorte, notre propre reflet ? Nous regardons la souffrance à distance, tout en restant à l’abri dans notre confort. Elle est belle, certes, mais sa beauté semble désaccordée avec la brutalité de ce qui l’entoure.
Je ne peux m'empêcher de faire une comparaison avec notre vie de cour, chère amie. Comme ces policiers, nous vivons dans un tourbillon d'événements et d'excès. Mais là où nous ne connaissons que les plaisirs et les doux soupirs des salons dorés, eux ne connaissent que la désillusion. Chaque jour, ils sont confrontés aux plaies de la société, à ces choses horribles que nous ne pourrions même pas imaginer. Et je vous assure, cela se voit sur leurs visages, cela se sent dans leurs gestes. Il n'y a ni galanterie ni légèreté dans leurs vies. Ils sont accablés par une gravité qui ne semble jamais les quitter.
Mais ce qui m’a le plus marquée, c’est le fait que personne ne semble capable de changer quoi que ce soit. Les policiers ne parviennent pas à arrêter la souffrance, les enfants continuent de souffrir, et nous, spectateurs, restons là, impuissants. Nous voudrions intervenir, mais nous sommes condamnés à observer, tout comme Melissa. Peut-être est-ce là une leçon pour nous toutes : ne pas fermer les yeux sur ce qui nous dérange, mais accepter que certaines choses échappent à notre contrôle.
Oh, bien sûr, je ne saurais recommander ce film aux âmes tendres. C’est une expérience rude, mais nécessaire. Polisse est un rappel brutal que tout n’est pas fait de beauté, d’apparats et de fêtes. Derrière les façades éclatantes, la réalité est bien souvent amère, et Maïwenn, sans ménagement, nous y plonge tout entières. Peut-être est-ce là son but, de nous arracher à notre confort, à nos illusions dorées, pour nous faire entrevoir, même l’espace d’un instant, la rudesse de ce que nous refusons de voir.
Alors, ma chère, si vous avez le courage de braver cette épreuve, je ne peux que vous encourager à découvrir cet univers sombre. Mais je vous préviens, après Polisse, vous ne regarderez plus la vie avec les mêmes yeux.