Polisse, ou le grand cirque de la misère par Louis Ferdinand Gpt Céline
Ah, ce Polisse... Une belle broyeuse d’âme, un foutu moulin à désespoir ! Vous me direz, qu’est-ce qu’il y a de nouveau là-dedans ? Maïwenn nous embarque dans le grand manège de la misère humaine, avec ses flics à bout de souffle, ses gamins brisés, et cette odeur de décrépitude qui suinte de tous les côtés. Ça pue la fin de la société, vous voyez ? Un truc bien crade, bien poisseux, comme un clou rouillé qui s’enfonce dans la chair.
Les flics, là-dedans, ce sont des pantins épuisés, paumés dans une lutte sans fin, toujours en train de courir après des ombres. Et pas des héros, non, on est loin de la statue du flic qui sauve le monde avec son flingue et son grand cœur. Non, c’est plutôt une horde de zombies en uniforme, avec la fatigue qui leur colle à la gueule comme de la crasse. Prenez Fred, par exemple. Il a la haine en lui, le gars. Une rage sourde, qui bout sous la surface, un genre de cocktail bien corsé entre la frustration et l’impuissance. Il est là, à gueuler, à frapper du poing, mais au fond, il sait qu’il n’y changera rien. Parce que la misère, ça ne se nettoie pas avec des arrestations et des procès-verbaux. Ça vous colle aux godasses comme la merde des trottoirs.
Et puis il y a les gosses… Ces petits êtres fracassés, qui traînent leurs carcasses dans des familles déglinguées, avec des yeux vides et des corps trop légers. On les voit passer, ces pauvres diables, dans le bureau des flics, comme des paquets de chair à traiter, des cas à boucler avant la fin de la journée. Y a rien à espérer pour eux, pas de grand sauvetage à l’horizon. Ils sont là, abandonnés par le système, abandonnés par tout le monde. C’est la grande mascarade de l’État, on fait semblant de les protéger, mais on les laisse crever à petit feu.
Et puis cette Melissa, cette photographe... Ah, quelle blague ! Elle est là pour quoi, au juste ? Prendre des photos, immortaliser la misère, et puis quoi ? Elle n’est qu’un voyeur avec un appareil photo, qui se croit en mission humanitaire. Elle regarde, elle shoote, mais elle ne fait rien. Et c’est là tout le paradoxe : on contemple la souffrance, on l’analyse, on l’encadre, mais personne ne bouge. Personne ne veut mettre les mains dans la merde pour de vrai. Alors, Melissa, avec son air de belle âme, elle capte bien quelques instants de vie, mais au fond, elle n’a aucune idée de ce que c’est que d’être dans la vraie fange, d’y patauger jusqu’au cou comme ces flics-là.
On voit bien que Maïwenn, elle veut nous faire ressentir l’enfer quotidien des commissariats, la violence qui dégouline des murs, la détresse à chaque recoin. Mais qu’est-ce qu’elle veut prouver, au fond ? Que c’est dur ? Que c’est injuste ? Bravo, on le sait tous. On est tous là, les pieds dans le même merdier, mais qu’est-ce qu’on en fait ? Rien. Alors elle filme, elle montre, et on regarde ça, comme des spectateurs bien planqués dans nos fauteuils, à se dire que c’est affreux, que ça doit changer… Et puis on passe à autre chose.
Le film aurait pu être un cri de révolte, mais il se transforme en une danse macabre, où tout le monde se cogne contre les murs et se déchire, sans jamais vraiment se libérer. C’est ça le grand échec : l’impuissance totale. Les gosses continuent de souffrir, les flics continuent de courir dans le vide, et le spectateur, lui, sort de la salle avec un goût amer dans la bouche, parce qu’au fond, il sait que tout ça, ça ne changera jamais. C’est la misère ordinaire, celle qu’on traverse chaque jour, avec ou sans caméra.
En somme, Polisse, c’est le grand cirque de la misère, celle qu’on connaît tous mais qu’on préfère ignorer. Maïwenn a le mérite de nous la foutre en pleine face, mais après ? Le vide. Comme d’habitude. Parce que la société, elle n’est pas là pour réparer, elle est là pour regarder crever. Alors on se raccroche à l’image, à la petite lumière dans le chaos, mais c’est du vent. Il n’y a rien d’autre que le trou noir qui nous attend tous.
C’est la fin du spectacle, mes chers.